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L’inestimable sceau (Musique de Éric Zimmermann) |
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M’amie, en ce temps-là, chaque année au mois d’août, Se campait sur la grève; et ça m’était très doux D’ainsi la voir en place. Dans cette position, pour se désennuyer, Sans jamais une erreur, ell’ comptait les noyés En suçant de la glace. Ses aimables rondeurs avaient fait à la fin Un joli petit trou parmi le sable fin, Une niche idéale. Quand je voulais partir, elle entrait en courroux, En disant : «C’est trop tôt, j’ai pas fini mon trou ; C’est pas le trou des Halles.» Près d’elle, un jour, passa superbe un ange blond, Un bellâtre, un belître au torse d’Apollon, Une espèce d’athlète. Comme mue d’un ressort, dressée sur son séant, Elle partit avec cet homme de néant, Costaud de la Villette. La volage, en volant vers ce nouveau bonheur, Me fit un pied de nez doublé d’un bras d’honneur, Adorable pimbêche ! J’hésite à simuler ce geste: il est trop bas. On vous l’a souvent fait, d’ailleurs je ne peux pas La guitare m’empêche ! J’eus beau la supplier : «De grâce, ma Nini, Rassieds-toi, rassieds-toi: ton trou n’est pas fini.» D’une voix sans réplique, «Je m’en fous» cria-t-elle «Et puisqu’il te plaît tant, C’est l’instant ou jamais de t’enfouir dedans : T’as bien fait La Supplique!» Et je retournai voir, morfondu de chagrin, La trace laissée par la chute de ses reins, Par ses parties dodues. J’ai cherché, recherché, fébrile jusqu’au soir, L’endroit où elle avait coutume de s’asseoir, Ce fut peine perdue. La vague indifférente hélas avait roulé, Avait fait plage rase, avait annihilé L’empreinte de ses sphères. Si j’avais retrouvé l’inestimable sceau, Je l’aurais emporté, grain par grain, seau par seau, Mais m’eût-on laissé faire ? |
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