Jeanne Martin
(Musique de Jean Bertola)

ENGLISH ITALIANO

     1

La petite presqu’île,
Où jadis bien tranquille,
Moi je suis né natif,
Soit dit sans couillonnade,
Avait le nom d’un ad–
Jectif démonstratif.

Moi, personnellement,
Que je meur’ si je mens,
Ça m’était bien égal;
J’étais pas chatouillé,
J’étais pas humilié
Dans mon honneur local.

Mais voyant d’ l’infamie
Dans cette homonymie,
Des bougres s’en sont plaints
Tellement que bientôt
On a changé l’ortho-
Graph’ du nom du pat’lin.

Et j’eus ma première tristesse d’Olympio,
Déférence gardée envers le père Hugo.

Si faire se peut,
Attendez un peu,
Messieurs les édiles,
Que l’on soit passé
Pour débaptiser
Nos petites villes.

     2

La chère vieille rue,
Où mon père avait cru
On ne peut plus propice
D’aller construire sa
Petite maison, s’a-
Ppelait rue de l’Hospice.

Se mettre en quête d’un
Nom d’ rue plus opportun
Ne se concevait pas.
On n’ pouvait trouver mieux,
Vu qu’un asile de vieux
Florissait dans le bas.

Les anciens combattants
Tous comme un seul, sortant
De leurs vieux trous d’obus,
Firent tant qu’à la fin
La rue d’ l’Hospic’ devint
La rue Henri-Barbusse.

Et j’eus ma deuxième tristesse d’Olympio,
Déférence gardée envers le père Hugo.

Si faire se peut,
Attendez un peu,
Héros incongrus,
Que l’on soit passé
Pour débaptiser
Nos petites rues.

     3

Moi, la première à qui
Mon coeur fut tout acquis
S’app’lait Jeanne Martin,
Patronyme qui fait
Pas tellement d’effet
Dans le Bottin mondain.

Mais moi j’aimais comme un
Fou ce nom si commun,
N’en déplaise aux minus.
D’ailleurs, de parti pris,
Celle que je chéris
S’appell’ toujours Vénus.

Hélas! un béotien,
À la place du sien,
Lui proposa son blase,
Fameux dans l’épicerie;
Et cette renchérie
Refusa pas, hélas!

Et j’eus ma troisième tristesse d’Olympio,
Déférence gardée envers le père Hugo.

Si faire se peut,
Attendez un peu
Cinq minutes, non?
Gentes fiancées,
Que l’on soit passé
Pour changer de nom. (bis)





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