Oui et non
(Musique de Olivier Daviaud)

ENGLISH ITALIANO

Quand j’ai connu Marie-Louise,
E’ s’ débattait dans la mouise,
Et moi aussi.
Alors, je lui demandai: « Pauvresse,
Veux tu que j’ partag’ ta détresse? »
Ell’ m’a dit: « Oui. »

Quand, l’aimant sur une vieill’ malle,
J’ m’aperçus qu’ son corps était sale
Comme un cochon,
J’ lui demandait: « Ma p’tit’ poulette,
T’arriv’-t-il de faire ta toilette? »
Ell’ m’a dit: « Non! »

Quand je vis que toutes mes douilles,
Cell’ du crân’, des bras et des jambes
Ètaient garnies,
Je lui d’mandai: « Ma p’tit’ babiole,
Viennent-elles de toi, ces p’tit’ bestioles? »
Ell’ m’a dit: « Oui. »

Quand, après trois jours de folies,
Mon ventre, trouvant qu’on l’oublie
Crénom de nom! m’ fait la leçon,
J’ demandai à Mnémosyne:
« T’arriv’-t-il de faire la cuisine? »
Ell’ m’a dit: « Non! »

Quand, sur mon bel épiderme,
J’aperçus des ulcères très fermes,
Epanouis,
Je lui d’mandai: « Ma p’tit’ cigale,
Est-ce toi qui m’as flanqué la gale? »
Ell’ m’a dit: « Oui! »

Quand j’eus des trous plein mes chaussettes,
Plein mes caleçons, plein mes liquettes,
Mon pantalon,
Je lui d’mandai: « Ma p’tit’ pastille,
T’arriv’-t-il de t’nir une aiguille? »
Ell’ m’a dit « Non ».

Un jour qu’un vieux fanatique
Avait payé sa belle plastique
Cinq cents louis,
Je lui d’mandai: « Ma p’tit’ bohème,
Sais-tu toujours combien je t’aime? »
Ell’ m’a dit: « Oui ».

En c’cas, prenons ces dix mill’ balles,
Faisons-en deux parties égales,
Et partageons.
Mais de sa voix habituelle,
De sa voix troublante et cruelle,
Ell’ m’a dit: « Non! »

Ivre, maîtrisant ma colère
Dans des mots qui ne sauraient plaire
À vos pures ouïes,
Je demandai à la bégueule:
« Sans blaguer, t’ foutrais-tu d’ma gueule? »
Ell’ m’a dit: « Oui… ».

Alors, perdant tout’ contenance,
J’ posai mon pétard d’ordonnance
Contre son front.
Mais, comme ell’ paraissait contente,
Au moment d’ presser la détente
Ben, j’ai dit: « Non! »

Tu voudrais bien qu’ pour toi, grognasse,
Ces gueux de cognes m’envoyassent
À Biribi
Casser des cailloux sur les routes
Et sécher comme une vieill’ croûte!
Ell’ m’a dit: « Oui! »

Toi, tu dis « Oui », lui répondis-je,
Mais moi (j’avoue qu’ c’est un prodige),
Moi, je dis: « Non ».
Et j’ pris congé de sa personne
Avec le fier mot de Cambronne,
Crénom de nom!





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